Le Courrier du GAMO
N° 52

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Un scoop ...

Projet de captage des eaux du Loiret pour l’alimentation en eau potable de Paris !

 De source bien informée, on lit : « « D’après le projet de M. l’ingénieur en chef Bechmann, la ville de Paris prendrait l’eau, non pas à la source du Loiret qui serait insuffisante, mais à proximité de son embouchure où le débit est de 15 mètres cubes à la seconde ».

L’idée n’est pas neuve : déjà en 1612, l’ambassadeur d’Espagne, pris de passion pour cette eau, en faisait porter des barils transportés par relais de poste ! Mais, le captage prévu se ferait à une toute autre échelle.

Où ? Comment ? Pompage à ciel ouvert ? « réservoir formant succion de tous les courants souterrains qui fertilisent le Val de Loire, de Jargeau à Saint-Mesmin » ?

 Etant donné l’importance du débit du Loiret, « il semble qu’il soit facile de prendre au Loiret les 300 000 mètres cubes d’eau dont Paris a besoin chaque jour, sans trouver d’autre obstacle que l’opposition des riverains qui tomberait devant des indemnités ».

 Serait-ce là la véritable justification des réserves financières constituées régulièrement par la municipalité Saury ? Cela dit, les promoteurs du projet se sont inquiétés du risque d’amener à Paris « de l’eau contaminée par les ordures ménagères et autres de plusieurs milliers d’habitants, par les racines et les feuilles des arbres » Et Théodore Cahu, le journaliste, évoque aussi un obstacle majeur : « L’eau prise au Loiret est de l’eau prise à la Loire, déjà si pauvre en été. C’est donc rendre impossible la navigation qu’on s’efforce avec raison de restituer à ce fleuve. » Nul doute, par conséquent, que des édiles attachés à l’essor de la batellerie ne se seraient joints à l’opposition que rencontra ce projet présenté dans l’Illustrationdu 15 décembre 1900  dont sont tirées les citations en italique.

 Oui, amis lecteurs et fidèles lectrices, le GAMO puise (parfois) son information à des sources plus que centenaires. Et, le projet, fort heureusement, n’a pas abouti ! Mais ce retour dans le temps fait apparaître que des problèmes aussi importants que la gestion des ressources en eau, de la qualité des cours d’eau et du cadre de vie se posent depuis longtemps. L’article évoqué mentionnait que notre rivière « est bordée de villas seigneuriales ou champêtres, de guinguettes joyeuses, de moulins nombreux, de maisons historiques et d’arbres centenaires dont plusieurs remontent au temps de Jeanne d’Arc ». Aujourd’hui, dans ce cadre idyllique, Cofiroute entend doubler les voies du pont autoroutier qui enjambe le Loiret : pour y stocker sur l’A71, aux jours et heures de pointe, les véhicules bloqués par l’engorgement plus au nord  sur l’A 10 ? En 1900, le journaliste vantait la grandeur du bassin de St Samson et du  « pont d’Olivet long de vingt arches ». Demain, ce pont sera doté d’une piste en encorbellement : tant mieux pour les cyclistes. Mais était-ce l’unique solution pour un franchissement sûr du Loiret ? Ne pouvait-on relier en même temps le Poutyl et les têtes Nord et Sud du pont par un cheminement plus élégant en passerelle et pontons ? L’auteur observait que « souvent il y a six ou sept mètres de profondeur ». Aujourd’hui, quel « Sage » nous dira combien de mètres cubes de boues on retirerait de ces fosses ? De quels métaux lourds en provenance des parkings et des trottoirs revêtus de matériaux accentuant le ruissellement, de quels produits phytosanitaires charriés par le Dhuy sont-elles surchargées ?

 Nous ne nions évidemment pas que la constitution de la ZPPAUP* illustre un souci actuel de préserver l’environnement et nous n’avons pas comme objectif de fournir de l’eau limpide et saine aux Parisiens ni de revenir à la prétendue Belle époque. Mais il faudra bien un jour mesurer ce que coûte, globalement et localement, à notre cadre de vie, l’accroissement de la circulation automobile par le développement du fret routier et l’absence de ligne ferroviaire à grande vitesse type POLT**. Il faudra bien opter pour une politique plus ambitieuse que celle du SCoT, de développement des transports en commun dans l’agglomération. Il faudra bien poser la question de l’effet des pompages (individuels) sur les ressources en eau de la collectivité. Et si, sur le Loiret, l’usage des moteurs polluants était réservé aux seules embarcations de secours et de protection ? Après tout, les moteurs électriques, ça existe et les rames aussi !

Cette simple mesure ne suffirait pas, mais d’une réelle volonté de protéger le Loiret, elle serait… l’illustration !

Un scoop  ... du Courrier du Gamo  et de l’Illustration !

 *     Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager

**   Paris/Orléans/Limoges/Toulouse : Projet de ligne accessible aux trains pendulaires, peu soutenu par l’Etat et la SNCF , si bien que le trajet TGV pour Toulouse continuera de passer par Bordeaux, et celui de Limoges se raccordera à Poitiers au réseau atlantique.




    Le Loiret à Olivet

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